Terre rouge 5
Nous commençons le travail demain, Kariine, munie de sa Clio nous propose de nous balader dans les villages autour de Saint Laurent. Mélanie, Tom et Thibeut acceptent, bien entendu. Ils partent pour Saint Jean, un village situé à 15km d’ici. C’est un village frontalier à la base militaire de Saint Jean, un des sièges du bagne de la Guyane. Y’a pas grand-chose à faire ici pour des touristes comme nous. Les maisons sont en taule, les petits jouent devant, ça fait très pauvre, il n’y a même pas un bar qui pourrait me servir mon jus de banane ! On s’en va en direction de Terre Rouge, un village amérindien cartographié à 5 bornes de Saint Laurent. Nom d’une banane filandreuse, c’est beau ! Le nom de Terre Rouge remonte à des millénaires. Il est très original et très recherché. Vous vous demandez tous « Pourquoi ce nom » ? Parce que là terre y est rouge… HihiHahaHouhou
Des marches descendent dans le fleuve, le fleuve s’étend jusqu’au Surinam, à vue d’œil, j’dirais, 110 mètres à parcourir sur l’eau. A part courir sur l’eau, on peut aussi s’y baigner. On a entendu beaucoup de légendes qui disaient qu’ici, les caïmans et les anacondas se fondaient dans le décor de la faune. Et ben c’est vrai. N’ayez pas peur, ils ne s’attaquent pas à l’homme, ils préfèrent les singes… Moi, dans mon petit sac à dos, j’les attends ! J’ai passé trois nuits à préparer mes armes : Coton tige usagé, aiguille à perfusion et munitions de boulettes de papier m’aident à me sentir en sécurité… J’ai même pris un pied de Leclerc pour munition, il ne m’a rien dit, j’attends un ticket du Super U pour lui remettre en place.
Ils retrouvent les autres colocataires en haut de ces marches. Des jeunes brésiliens d’une seizaine d’années font les fous dans l’eau. Une corde accrochée à un grand arbre leur permet de plonger dans le fleuve. Ils exécutent des saltos, des doubles saltos, des cascades en tout genre devant nos yeux ébahis. Franzois est le premier à se lancer, suivi de Tom puis de Mélanie qui s’écrase en pleine vitesse dans l’eau. Elle est courageuse la petite, impressionnante même !
Le soleil se couche bientôt, il est déjà 18heures. Un petit rayon de dernière clarté sublime le Surinam puis s’écrase à nos pieds. C’est une véritable photo de carte postale qui se développe, étincelant nos faciès et fascinant notre imaginaire, on contemple ce paradis dans le calme. Les nuages vont eux aussi se coucher, le ciel rosé se colore une dernière minute, la lune nous sourit d’une moitié de face, il fait nuit désormais, il nous est temps de partir…